Le spectre du recul démocratique se précise à chaque sortie d’un ténor du FCC. C’est à croire que cette plateforme ne vise que l’inanition de la Nation par le démontage récurrent des pans entiers – et pas des moindres, il s’agit de coups dévastateurs au mur de soutènement – de notre architecture constitutionnelle, au risque de précipiter la chute de l’édifice.
En effet, après Ngoie Kasanji, c’est autour d’Alain Atundu d’envisager la modification des dispositions constitutionnelles verrouillées. C’est désormais un secret de polichinelle, la famille politique de Joseph Kabila ne cache plus son intention de vouloir modifier le mode de scrutin présidentiel, du suffrage universel direct au suffrage universel indirect. Le but étant d’ouvrir grandement le boulevard du retour à Kabila au pouvoir.
Et pour cela, ils n’hésitent pas de faire feu de tout bois. Ils feignent de se soucier du développement du pays pour justifier leur manœuvre politique. Ils tentent d’opposer la démocratie au développement alors qu’à travers le monde, les pays développés sont majoritairement démocratiques. La dernière sortie politique de l’ancien président lors de la séance d’ouverture de la rentrée parlementaire de la session ordinaire de septembre 2020, intervenue le 15 septembre dernier, aura été une stratégie bien planifiée par les laboratoires du Fcc pour finalement dévoiler leur schéma suicidaire pour la jeune démocratie congolaise.
Et pourtant, ils sont incapables de prouver que la suppression du second tour de la présidentielle de 2011 et le zapping des élections provinciales et sénatoriales du même cycle ont permis au pays d’avancer dans un domaine donné. A ce titre, tous les experts électoraux et même les différents gouvernements qui se sont succèdés depuis 2011 conviendront avec nous que comparativement aux élections présidentielles de 2011 et 2018, le budget affecté à l’organisation des scrutins à deux tours de 2006 est loin inférieur. Le professeur Jacques Djoli Esengeli , l’ancien vice-président de la CENI (cycle électoral de 2011) en sait quelque chose.
Ce débat sur le changement du mode de scrutin intervient au moment où l’insécurité, la pénurie d’eau, le délestage de fourniture d’électricité, le chômage de masse, l’impaiement des fonctionnaires, le système de santé déficitaire, sont toujours grandissants.
Heureusement que personne n’est assez naïve pour croire à ces duperies. En réalité, le FCC est conscient de son impopularité et surtout du rejet de Kabila par le peuple congolais.
En effet, indépendamment de l’inéligibilité de la candidature de leur autorité morale à concourir au scrutin présidentiel – de par son statut de sénateur à vie – le FCC sait très bien que, dans une élection rigoureusement transparente, Joseph Kabila ou quelqu’un d’autre de son obédience ne peut que difficilement franchir la barre des 10%. Et ce, même en mettant en jeu la colossale fortune accumulée au prix de la clochardisation du peuple.
Ainsi avec son écrasante majorité parlementaire obtenue à l’issue d’une vaste et honteuse fraude électorale, le FCC s’emploie à ravir au peuple son droit de choisir directement celui qui va prendre en charge leur destin.
Les congolais – particulièrement les leaders de l’opposition et ceux des organisations de la société civile – doivent sensibiliser la population pour faire échec à cet énième hold-up en préparation.
Au lieu de la modification du mode de scrutin présidentiel, tout acteur politique sérieux pourrait à la limite soutenir la possibilité de revenir à deux tours, mais ramener le parlement du bicamérisme au monocamérisme (500 membres au lieu 609 actuellement). La question de la trésorerie sera réglée, si c’est elle qui est à la base des soucis du FCC, car outre les frais inhérents aux élections, on épargnera l’argent nécessaire au fonctionnement de l’autre chambre et aux émoluments ainsi que les divers avantages de ses membres.
Le FCC doit arrêter de se prendre pour un ensemenceur des nuages et dispensateur de pluie et du beau temps. Le congolais n’est pas si amnésique pour perdre de vue que les rêves des cinq chantiers et de la révolution de la modernité vendus par le PPRD se sont transformés en chimères.
Tribune de Jean K. Minga, consultant à politiquerdc.net