La question d’installation des autorités administratives de la commune rurale de Minembwe reste au cœur des débats de tout genre dans les différents milieux sociaux et politiques de la RDC. Dans une tribune parvenue à politiquerdc.net, depuis Belgique où il séjourne, Monsieur Jean Kattako Minga – juriste et analyste politique – estime que la matérialisation du projet de Minembwe longtemps décrié par les régimes passés, prouve d’après lui que l’actuel chef de l’Etat n’aurait pas l’effectivité du pouvoir. Il y va très vite, en attribuant même la juridiction de Minembwe en une commune rwandophone.
Ci-dessous l’intégralité de sa tribune.
Minembwe érigé en Commune rwandophone prouve que l’autorité de l’état pose problème en RDC
Tout se passe comme si cette terre était vacante et inoccupée, attendant qu’un nouveau venu y mette la main. La forte délégation qui s’est étrangement déplacée pour installer le bourgmestre ne peut que soulever des interrogations. Malgré les propos lénifiants tendant à minimiser le défilé des hautes autorités du pays et la présence hautement diplomatique d’une grande puissance ainsi que des responsables de la Monusco, tout porte à croire qu’il y a des enjeux énormes dans cette nouvelle commune rurale. Et si c’était un diplomate russe ou de la Corée du Nord?
C’est significatif!
L’étendue de la nouvelle commune déborde les limites territoriales des nombreuses entités préexistantes. Mwenga, Uvira et même Walungu perdent de pans entiers dans l’aventure.
Et pourtant le première brique de ce projet a été posée par le RCD, mais la transition 1+4 avait anéanti ce qui paraissait qu’une aventure insurrectionnelle.
Plus tard, le décret du 13 juin 2013 portant création des villes et communes a donné pour la première fois une existence légale à Minembwe. Mais par la décision du conseil des ministres du 22 juillet 2015, ce décret a été congelé (sursis en exécution). Au nombre des motivations de la décision de cette surséance, c’était la question des massacres et les actes d’insécurité divers relevés à l’Est du pays. Sauf si un autre décret ou toute autre norme hiérarchiquement supérieure a pu lever la mesure de sursis en exécution du décret du 13 juin 2013, l’instauration récente de Minembwe en commune rurale ne pourra que soulever de questions de régularité.
Ce territoire autrefois habité majoritairement par les Bembe, les Fulero, les tembo; est devenu le champs – depuis l’entrée de l’Afdl et particulièrement celle du RCD ainsi que de sa descendance – de l’épuration des autochtones puis l’exutoire de l’excédent démographique du Rwanda. En réalité, depuis que le Président Mobutu est revenu sur sa décision octroyant collectivement la nationalité congolaise aux ressortissants rwandais, nos voisins ont entrepris de falsifier l’histoire de la contrée pour matérialiser leur rêve de s’accaparer de ce territoire. On ne peut oublier leurs courriers adressés aussi bien au secrétaire général de l’ONU qu’au président en exercice de l’OUA .
Quoiqu’il en soit, l’instauration de Minembwe en commune rwandophone est la preuve éloquente que l’autorité de l’état pose énormément de problème en RDC. En d’autres termes, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas vraiment l’effectivité du pouvoir, à moins d’être traitre à sa Nation.
J’aurais souhaité entendre de ses inconditionnels supporteurs un discours frisant amende honorable que de s’octroyer un satisfecit dépourvu de toute rationalité ou de renvoyer la responsabilité au régime antérieur.
Reconnaître sa faute – si elle est clairement établie – est l’indice de grandeur de tout homme sérieux.
Que Kabila ait entrepris tout ce que les gens l’accusent pour l’implosion de la RDC, ce n’est ni étonnant ni nouveau, mais l’histoire retiendra que c’est au cours du mandat de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo que la relance et la normalisation des relations diplomatiques avec le Rwanda a eu lieu.
Tout comme la scolarité gratuite – inscrite dans la constitution, mais jamais appliquée par le régime Kabila -Tshisekedi devra assumer les retombées de l’application de la scolarité gratuite ,mais aussi celles de l’instauration de Minembwe en commune rurale.
Du temps de Kabila, il n’y avait pas d’avions de ligne aérienne rwandaise qui atterrissaient en RDC. C’est Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a permis ce retour en force du Rwanda chez nous. L’ambassadeur rwandais s’est récemment permis de nier les massacres des populations congolaises par les troupes de son pays, les autorités congolaises se sont terrées dans leurs tanières, la bouche cousue.
Il en est de même de l’instauration de Minembwe en commune rwandophone susceptible d’être annexée au Rwanda. Le déversement inévitable des populations fraîchement arrivées du Rwanda est le prélude à ce projet rampant.
À supposer même que Kabila ait tout boutiqué, l’avènement de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo au pouvoir aurait pu anéantir ce projet humiliant, s’il était réellement patriote. Malheureusement, c’est lui qui vient donner corps à cette annexion glissante.
Pendant ce temps, il se trouve encore des congolais visiblement inconscients et aveuglés pour dire que Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo détenait l’effectivité du pouvoir. Peuvent-ils encore tenir le même discours aujourd’hui ?
En plus d’être la prime à l’agression, cette concession est une fente ouverte vers la partition du pays. En effet, le Rwanda va transformer cette entité en exutoire pour y déverser davantage son excédent démographique avant de pousser quelques années plus tard les habitants à l’autodétermination et à l’indépendance, avant l’annexion au Rwanda.
Ne pas faire cette lecture prospective aujourd’hui est une preuve de cécité, sinon de la complicité.
Tribune de Jean Kattako MINGA, analyste politique