En dépit du nombre relativement faible des victimes africaines de la covid-19 par rapport à d’autres parties du monde, certains gouvernements africains s’empressent déjà à procéder à la vaccination de leur population.
C’est le cas de la République Démocratique du Congo qui vient de réceptionner un lot de vaccin dont le nom du fabricant n’est pas encore révélé.
Il semble que ce soit le vaccin Astrazéneca, le même qui aurait causé de sérieux problèmes en Afrique du Sud, au Danemark, en Islande et en Norvège. Ces trois derniers pays viennent de suspendre son utilisation après avoir constaté des effets indésirables graves dont la thrombose. Le lundi dernier, c’est l’Autriche qui a, à son tour, ordonné de cesser l’administration à sa population de ce vaccin issu du lot du laboratoire anglo-suédois, après le décès d’une infirmière de 49 ans vaccinée et ayant développé « de graves trouble de coagulation ». Quatre autres pays européens: l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg; ont – dans la foulée – suspendu la vaccination provenant de ce lot.
Malgré tout,un autre lot est attendu dans les prochains jours en RDC. Les enseignes publicitaires sont érigées partout dans la ville de Kinshasa et probablement aussi dans les provinces pour annoncer la prochaine campagne de vaccination anti-covid19.
Pour sa part, le président de la République est allé visiter l’endroit où sont entreposés ces vaccins pour s’assurer de leurs bonnes conditions de conservation. Et le commun des congolais ose espérer que Félix Antoine Tshilombo a pu également se renseigner auprès des experts sur la qualité du produit et particulièrement sur son origine. Il sied également de rappeler que récemment une quantité importante d’hydrochloroquine contrefaite a été offerte à l’équipe du professeur Muyembe par une « bienfaitrice. » Face à un tel risque, les autorités congolaises sont appelées observer à le principe de précaution avant toute administration de ce « vaccin » à la population.
D’aucuns évoquent le cas du décès de l’inventeur de Manacovid, dans les conditions mystérieuses, alors que son produit est d’une efficacité thérapeutique incontestable, du moins à l’échelle nationale.
Par ailleurs, comparée à la malnutrition, à l’insécurité, au paludisme ou à Ebola, le taux de décès dû à la covid-19 est fort minime. Aussi, certains analystes ne s’expliquent pas pourquoi les pouvoirs publics mettent beaucoup d’accent dans la lutte contre la covid-19, même si certains pourront rétorquer qu’à l’échelle mondiale, la pandémie de coronavirus est plus ravageuse. Pour ces memrd analystes, le Gouvernementdevrait tenir compte de la hiérarchie des besoins prioritaires dans le domaine de la santé. A titre d’exemple, la Grande Bretagne a enregistré plus de victimes à la covid-19 que l’ensemble du continent noir dont la population est de loin plus importante.
Ainsi donc, pour disqualifier l’argument de la prudence, certains le considère comme une théorie conspirationniste. Mais pour rassurer tout le monde sur l’innocuité de ce vaccin, la présidence de la République, les membres du gouvernement et ceux du parlement ainsi que l’équipe de riposte pilotée par le Dr Muyembe devraient prêcher par l’exemple en se faisant vacciner en premier, devant les caméras, comme on l’a vu sous d’autres cieux. Pour autant que ce soit le même produit qui sera administré à tout le monde.
Tribune de Jean K. Minga