Dans une vidéo de 5 minutes et 30 secondes diffusée ce dimanche 8 septembre 2019 sur la RTNC – la chaîne publique – Félix-Antoine Tshisekedi s’est adressé sur fond de conscientisation du peuple congolais et de l’ensemble de la classe politique en vue du changement au pays.
D’emblée, il a tenu à rappeler – comme pour conjurer le sérieux doute qui plane sur l’issue du scrutin présidentiel – sa victoire électorale laquelle serait celle du peuple. Il s’est ensuite octroyé , un satisfecit sur son programme de cent jours.
» Frères et sœurs congolais, lorsque je suis arrivé au pouvoir , le pays était dans une situation de crise. À la suite d’une longue période d’instabilité et d’incertitude, l’élection présidentielle qui a consacré ma victoire, votre victoire , continue de susciter beaucoup d’espoirs dans notre pays et même au-delà de notre pays… Nous avons lancé le programme des 100 jours. Ce programme ne va surement pas résoudre tous nos problèmes en quelques mois. Mais il est un début de solution. Nous avons commencé à doter nos villes de certaines infrastructures routières et d’apporter des réponses dans la production agro-industrielle ainsi que dans le domaine de la santé et dans bien d’autres. Nous avons ouvert plusieurs chantiers, un peu partout. Ces chantiers, une fois finalisés, vont soulager déjà quelques uns de nos problèmes. Certains d’entre nous pourront ainsi rentrer plus tôt chez eux, sans subir le stress des embouteillages ou voyager plus facilement d’une ville à une autre, évacuer plus rapidement leurs produits et les acheminer vers d’autres marchés pour les vendre plus vite. D’autres vont enfin avoir accès avoir l’accès à l’éclairage public, à l’électricité, à l’eau dans leurs habitations. Le programme des 100 jours nous donne la preuve que par notre volonté, seuls, nous pouvons trouver des solutions à nos propres problèmes et surtout apporter de changement positif à notre cher pays (…) «
Du début à la fin, le président congolais n’a pas abordé la brûlante question de l’insécurité qui mine le pays, pas plus que celle du détournement présumé des quinze millions des dollars américains au cœur de l’actualité qui vise son cabinet. Il a également fait abstraction du programme présenté par le gouvernement de la coalition FCC-Cach et approuvé par l’Assemblée nationale. Rappelons que le programme présenté par le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a été sévèrement critiqué par les députés du groupe parlementaire Cach à l’Assemblée nationale. Les députés de la plateforme politique de Félix-Antoine Tshisekedi avaient demandé au chef du gouvernement de revoir la copie de son programme…
Et oui ! À écouter le président de la République, l’on peut lire une certaine volonté de quelqu’un qui semble vouloir mieux faire, mais qui se retrouve visiblement coincé politiquement. Du coup, il est désespérément en quête du soutien du peuple afin de contrecarrer les velléités politiques éventuelles qui peuvent constituer d’obstacle aux actions envisagées, pense un analyste politique qui s’est confié à politiquerdc.net sous le sceau de l’anonymat.
Solliciter l’adhésion populaire en vue de parvenir à un changement dans le pays est certes une bonne chose. Cependant, d’autres analystes estiment que le président congolais devrait d’abord faire l’autopsie du vrai problème avant d’en appeler à l’implication du peuple congolais.
Déjà, les soupçons de corruption et d’enrichissement exponentiel qui ruinent son cabinet – une vraie épidémie sociale – ne sont pas du genre à favoriser une harmonie avec la masse populaire. Comment pourrait- il espérer obtenir l’adhésion populaire en étant arrimé au module de son prédécesseur pourtant rejeté par le peuple? Il a un choix cornélien à opérer: soit se débarrasser du système de son principal partenaire politique – le FCC de Joseph Kabila – qui est encore et toujours très présent dans toutes les institutions et s’appuyer sur le peuple ou respecter le deal avec son partenaire et oublier l’appui du peuple, car celui-ci sait bien que l’ancien président a endeuillé l’espoir de toute une nation, après les 18 ans passés au sommet de l’état !
Autant de questions qui bouleversent la tête de plus d’un observateur.
La réalité des choses voudrait que le nouveau président congolais repense ses alliances avec l’ancien système afin d’espérer avancer dans le sens du changement voulu par tous. Car, avec l’investiture du nouveau gouvernement, les choses peuvent rapidement mal tourner si le chef de l’État ne se réveille pas vite. Pourvu d’en avoir les moyens !
Rédaction