Ce que je pense est que le Front Commun pour le Congo (FCC) était un mort-né, et je l’avais dit aussitôt qu’il a été crée. Il ne fallait pas être prophète pour le predire. Un simple examen de sa structuration à la création suffisait pour le comprendre: le FCC est un conglomérat
de plusieurs groupements politiques et personnalités venant de tout bord. De la majorité présidentielle et de l’opposition. De la droite, de la gauche et du centre. Il y’avait des lumumbistes, mobutistes, tshisekedistes, bembistes, kengistes, kabilistes, et des opportunistes. Une structure hétérogène qui ne pouvait jamais
prétendre à l’unité.
Ce que je pense est que le FCC n’avait à sa création ni âme, ni esprit. II ne l’a toujours pas et ne l’aura jamais, à moins d’un miracle. En ettet, tous les groupements de partis regroupés au sein du FCC avaient chacun son idéal qui ne cadrait nécessairement pas avec celui des autres.
Un corps sans âme, ni esprit peutil vivre ou survivre? Nullement. Bien plus, les objectifs des uns et des autres n’étaient pas les mêmes! On peut les résumer en trois groupes principaux. Pour le premier, c’était rester au pouvoir aussi longtemps que possible; et pour y arriver, il faut changer la constitution, la loi électorale et certains textes y afférents. Pour le second, par contre, il ne fallait rien changer ; seule l’amelioration de la gouvernance suffisait pour atteindre les objectifs recherchés. Pour le troisième, c’était question de se refaire la santé financière et constituer le butin pour se faire élire en 2023 quel qu’en soit le prix. Un regroupement avec des objectifs aussi contradictoires pouvait-il tracer un plan et élaborer des méthodes et techniques pour atteindre ses objectifs? Difficile de le croire.
Ce que je pense est que le FCC, créé principalement pour faire élire de ses rangs un Président de la république à fin décembre 2018, devait disparaître aussitôt l’échec
consommé. Comme tout le monde le sait, le candidat président du FCC, issu du PPRD, a été battu à plate couture en dépit tous les moyens mis à sa disposition. Aucun candidat en Iice n’a eu autant de moyens et d’appui politique que lui. Malheureusement, le candidat le plus nanti n’a pas été en mesure de gagner les élections.
Dès cet instant, le FCC devait soit disparaître au profit d’une autre organisation qui devait être créée, soit se structurer profondément pour retrouver l’âme et l’esprit ainsi qu’un objectif commun capable de mobiliser tous les acteurs politiques de la corporation. À défaut, ce qui est arrivé était plutôt prévisible. En effet, on ne reconduit pas une équipe qui perd.
Ce que je pense est que l’Union Sacrée devait éviter les erreurs du FCC : être une association de tous les groupements et hommes politiques venant de partout dans le but de constituer une majorité parlementaire.
Une telle structure, sans âme et esprit, ne pourra donner que des résultats semblables à ceux du FCC. En effet, l’objectif final d’un parti ou regroupement politique n’est pas d’avoir une majorité au Parlement. Celle-ci demeure plutôt un moyen politique en appui a l’action
gouvernementale pour une meilleure mise en œuvre de la politique économique. Que peut on aire avec les mêmes acteurs qui ont composé et animé le FCC et ont traversé la frontière pour rejoindre le CACH et former l’Union Sacrée? Certains d’entre eux déclarent tout haut
avoir été débauchés en contrepartie des sommes d’argent alléchantes. D’autres disent y aller sans y croire, si ce n’est pour chercher l’argent et les postes! Si le CACH a critiqué sévèrement le FCC, C’est à cause notamment de ces mêmes acteurs politiques qui hier, étalent les chantres du kabilisme, et aujourd’hui deviennent les
chantres du tshisekedisme! Certains ont même retrouvé leur maison de départ, parce qu’étant tshisekedistes à l’origine. Les diables d’hier peuvent-il devenir des anges d’aujourd’hui? Qu’est-ce qu’ils peuvent de mieux
aujourd’hui dans I’Union Sacrée qu’ils n’ont pas été en mesure de faire hier dans le FCC? Quel degré de loyauté auront-ils envers Tshisekedi, leur nouvelle autorité morale, qu’ils critiquaient sévèrement hier ? Ne seront-ils pas demain les pourfendeurs du Tshisekedisme? Ne
vont-ils pas faire la retraversée avant 2023?
Tribune de lancien premier ministre Augustin Matata Mpoyo ( cadre PPRD)