Il était très attendu par la population, le gouvernement de l’Union Sacrée de Félix Antoine Tshisekedi. La rupture fracassante avec le Front Commun pour le Congo de Joseph Kabila a ouvert grandement à Félix Antoine Tshisekedi le boulevard d’une nouvelle et inespérée majorité à l’Assemblée Nationale. D’une coalition à l’autre, le FCC-CACH s’est liquéfié comme l’étain sous le feu de la déstabilisation des institutions de la république, du crédible et décisif soutien du tandem Jean-Pierre Bemba – Moïse Katumbi. Une coalition différente et alternative est née sous le label de l’Union Sacrée. Néanmoins, il a fallu attendre deux longs mois pour voir éclore de cette pollinisation des forces Politiques issues de tous bords donnant ainsi lieu au gouvernement Sama Lukonde.
Après le mauvais départ de la coalition FCC-CACH, le nouveau gouvernement était attendu sur toutes les questions de la vie sociale et politique. Tout le monde espérait voir une rupture avec toutes les pratiques décriées lors de la coalition FCC-CACH. Mais visiblement, le démon de la mauvaise gouvernance semble bien en place.
Un Premier Ministre faible à la tête d’une coalition hétérogène, divisée entre la République et sa fratrie régionale et incapable de faire respecter les acquis d’un état de droit?
Dans le jeu politique du pouvoir en démocratie, l’on parle de coalition et de cohabitation selon que le président s’allie à la majorité parlementaire ou évolue avec une majorité parlementaire qui ne lui soit pas acquise. Au fait, dans la scène politique qui est un véritable jeu des dupes, « le pouvoir ne se partage pas ».
En République Démocratique du Congo et dans la culture bantoue, c’est encore plus vrai. L’on se souviendra à jamais du slogan cher au Maréchal Mobutu : » Tolingi Zaïre Ekolo bo? Moko. Bokonzi bo? Moko. Tata bo? Moko. Mama bo? Moko. » Même si de son vivant, le roi du Zaïre comptait plusieurs femmes ou épouse. La Femme, c’est cela la faiblesse ou la force de tout pouvoir sur terre. Jean-Michel Sama Lukonde, a présenté durant ces 100 premiers jours, une piètre figure pour un Premier Ministre dans la gestion politique de la question du genre. Faible, très faible politiquement, car deux femmes ont été humiliées par lui suite aux pressions politiques des officines inconnues de l’opinion publique.
En effet, une importante décision prise par sa Ministre des Mines souffre d’exécution jusqu’à ce jour.
Antoinette N’samba Kalambayi a été humiliée pour avoir exécuté l’ordonnance n°18/138 du 27 décembre portant nomination des membres du conseil d’administration et de la direction générale du Cadastre Minier.
Embarrassé entre les évidences légales sexistes et d’une injustice à l’égard d’une femme d’un côté, et la pression politique de sa « fratrie » de l’autre, Sama Lukonde s’en est sorti tout petit, hypothéquant la restauration de l’Autorité de l’Etat et l’Etat de droit qui imposent un respect absolu à la loi et droit, surtout aux droits de la femme en ce siècle. La question du genre est devenue le thermomètre de l’évolution et du développement des peuples. Deux femmes – et pas des moindres dans la société – ont fait l’objet d’ humiliation, de discrimination et d’injustice à cause de la faiblesse du pouvoir politique de Sama Lukonde: Antoinette N’samba Kalambayi, Ministre des Mines et Chantal Bashizi Lembo, Directeur Général entrant du CAMI. Dans les règles administratives, on ne bloque pas une remise et reprise, comme l’a fait le Premier Ministre, quand l’impétrante est notifiée par sa tutelle. Le CAMI, un établissement public, d’une si grande importance, est bloqué dans son bon fonctionnement par un Premier Ministre faible, sinon complice!
Notifiée, Chantal Bashizi Lembo est de plein droit Directeur Général du CAMI. Alors qu’il venait de prêcher l’Etat de droit et de crier à la fin de l’anarchie lors du séminaire gouvernemental, Sama Lukonde navigue à contre-courant de ses bons discours au moment où les congolais attendent du concret.
Ce seul fait montre clairement que le changement tant attendu dans le traitement des questions du genre, dans la restauration de l’Autorité de l’Etat et l’avènement de l’Etat de droit sont hypothétiques. La force d’un pouvoir politique au service de la population réside dans sa capacité à respecter et à faire respecter les lois de la république ; et non dans les béquilles sociologiques qu’offrent une fratrie régionale.
Décollage du social et de l’économie : le gouvernement Sama Lukonde bat de l’aile…
Après plusieurs conseils des ministres, les décisions tant attendues sur la baisse des denrées alimentaires dit surgelés et le coût de billets d’avion pour les vols domestiques souffrent d’inexécution. La pesanteur politique tire le Premier Ministre vers le bas. Sama Lukonde affiche un déficit d’autorité et cette faiblesse sur l’échiquier politique le prive de la nécessaire puissance de réacteurs pour s’élever et imposer des prix raisonnables aux opérateurs économiques. C’est une déception pour la population qui devra malheureusement attendre longtemps pour voir ce gouvernement dit des guerriers prendre à bras-le-corps les questions sociales de la population.
Face aux forces en présence, Jean-Michel Sama Lukonde manque du cran pour indiquer la direction à suivre. L’on se croirait, de l’avis de plusieurs observateurs face à un pépé Ilunga Ilunkamba dans la peau d’un autre. Ceci dit, ces deux décisions semblent donner l’impression que l’annonce a été faite sans examen préalablement fouillée. En effet, l’économie obéit à certaines principes. Le prix obéit à la loi de l’offre et de la demande. Il a fallu réfléchir au moyen d’inonder le marché avec les produits visés ou encore, agir sur la structure des prix (frais douaniers, de transport et de diverses taxes) pour espérer obtenir la diminution des prix, sachant qu’une diminution ou suppression de taxes prive l’État des recettes y relatives.
Ce qui pousse à croire que Sama Lukonde est un katangais qui a remplacé un autre pour sauvegarder des intérêts de la fratrie. Le peuple n’est pas encore sorti de l’auberge.
Alain St. Bwembia