En RDC, un sujet d’actualité chasse un autre à un rythme effréné sans qu’un début de solution soit trouvé à l’un ou l’autre.
De la question sécuritaire dans la partie orientale du pays, on a frôlé l’escalade de la violence entre certains éléments de la garde Républicaine et ceux de la police nationale, commis à la sécurité des hommes du président; en passant par de nombreux dossiers de détournement des deniers publics.
Le dossier qui défraie actuellement la chronique en République Démocratique du Congo ressemble à un polar. Il s’agit de l’attaque et de la mise à sac de la résidence privée de Jean-Marc Kabund, premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale et Président ai de l’UDPS, dans la soirée de ce mercredi 12 janvier 2022.
Selon des témoignages concordants, ce sont les éléments de la Garde Républicaine (GR), armés jusqu’aux dents qui ont mené cette expédition punitive, semble-t-il, pour venger l’humiliation de leur frère d’armes. Arrêté et désarmé par les policiers commis à la garde de l’honorable Jean-Marc Kabund, un membre de la GR était commis à la sécurité d’un personnage proche du pouvoir. Leur voiture circulait en sens contraire de la circulation.
C’est de là qu’est partie l’incident ayant conduit à la neutralisation de l’élément de la GR susvisé, suivi plus tard de la réaction.
Et des images filmées et publiées sur les réseaux sociaux montrent un spectacle désolant des actes de violence et de vandalisme perpétrés par les assaillants. On peut notamment y voir les biens de la résidence cassés et renversés, y compris les photos et portraits du feu Étienne Tshisekedi Wa Mulumba (le père de l’actuel Chef de l’État) jetés à même le sol.
L’on déplore également les actes de brutalité exercés sur le membres de famille et employés domestiques du vice-Président de la Chambre basse du Parlement congolais dont la femme et les enfants ont été traumatisés par les agissements de ces militaires de la Garde Présidentielle.
Tout en déplorant les agissements de la garde rapprochée de Jean-Marc Kabund, elle-même coutumiere d’actes identiques et qui s’est permise d’interpeller un militaire de la Garde Républicaine, assurant la sécurité d’un membre de la famille présidentielle, les analystes pensent que cette unité d’élite qui assure la garde du premier citoyen du pays n’aurait pas dû se croire en droit de se rendre justice en menant une expédition punitive jusqu’à la résidence du vice-président de l’assemblée nationale.
Même si les policiers commis à sa garde avaient commis des actes répréhensibles, je ne pense que la mission de les arrêter ou de les désarmer devrait être menée par la GR, qui s’est plutôt livrée à un règlement de comptes. En principe, ce sont les éléments de la Police des Polices ou de l’auditorat Militaire qui devraient accomplir cette mission.
De nombreux analystes notent malheureusement que la Garde Républicaine n’a pas encore changé son modus operandi, en depit du changement au sommet de l’État.
En effet, cette situation rappelle l’expédition punitive menée en mars 2007 par les fameux « Bana Mura » sur les résidences et les propriétés de l’ancien Vice-président de la République, Jean-Pierre Bemba Gombo. A l’époque, les installations des médias du Chairman du MLC (CCTV, CKTV et Ralik) et même le siège National de son parti (MLC) avaient été pillés et saccagés de fond en comble par la garde de l’ancien Président Joseph Kabila.
Mais comment peut-on faire subir un tel traitement à un des grands leaders de la famille politique du Chef de l’État, comme si Jean-Marc Kabund était un Chef rebelle? Même un opposant au régime du Président Félix Tshisekedi ne mérite pas un tel sort, s’est indigné un militant de l’UDPS. D’ores et déjà, des manifestations spontanées de colère ont été organisées par les partisans du parti présidentiel allant jusqu’à brûler des pneus et ériger de barricades aux abords de la résidence du Président ai de l’UDPS. Certains vont jusqu’à recommander à Jean-Marc Kabund de tirer les conséquences de cette humiliation qui porte la signature même de la garde de l’autorité suprême de son parti, en quittant carrément la famille politique du Chef de l’État. Car, estiment-t-il, une telle expédition punitive dans sa résidence ne pouvait être menée sans que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo soit au courant.
JR.MOKOLO