(Photo d’un Journaliste et 3 activistes de la Lucha détenus à la prison centrale d’Angenga à Lisala/Mongala)
Le Bureau Conjoint des Nations Unies pour le Droit de l’Homme – BCNUDH – vient de rendre public depuis ce dimanche 31 mai 2020 son rapport du mois d’Avril sur les violations des Droits de l’Homme en République Démocratique du Congo.
Il est observé une hausse significative et déplorable des violations des droits de l’homme durant cette période de l’état d’urgence sanitaire. La Police Nationale Congolaise (PNC ) et les Forces Armées de la RDC (FARDC) ont été reconnus auteurs d’au moins 30% de ces abus.
Le BCNUDH a documenté sept cents soixante neuf (769) cas de violations des droits de l’homme en République Démocratique du Congo, sous la présidence de Félix Antoine Tshisekedi et particulièrement pendant la période de l’état d’urgence sanitaire.
Une augmentation de 13% est observée par rapport au mois de mars selon le rapport du BCNUDH, soit 769 cas en Avril contre 681 pour le mois de Mars. Les agents de la PNC et des FARDC sont responsables de cette augmentation surtout dans les provinces affectées par le conflit ainsi que dans la province du Kongo Central.
Dans les zones de conflits justement, on note » plus de 94% cas de violations documentées rien qu’en avril 2020 (726 violations) dont la mort d’au moins 204 civils parmi lesquels 34 femmes et 28 enfants. A l’instar du mois précédent, les combattants des groupes armés y ont commis plus de
violations (54%). La majorité de cas ont été enregistrés dans la province du Nord-Kivu (279 violations, soit 38% des violations
commises dans ces provinces) suivies du Sud-Kivu (143 violations) de l’Ituri (131 violations) et des provinces du Kasaï (77 violations) » note le rapport détaillé de la BCNUDH.
Dans les provinces épargnées par les conflits armés, 43 cas ont
été répertoriés en avril 2020. Il s’agit principalement de 16 violations du droit à la vie (45 victimes dont 36 victimes d’exécution
extrajudiciaire parmi lesquelles une femme et trois enfants), 11 violations du droit à l’intégrité physique (32 victimes dont deux femmes victimes de violences sexuelles), huit violations du droit à la liberté et à la sécurité de la personne (21 victimes dont cinq femmes et un enfant) et quatre violations du droit à la propriété. La totalité de ces violations est attribuable à des agents de l’Etat, dont 70% à des agents de la PNC (30 violations), 19% à des militaires des FARDC (huit violations), 7% à d’autres
agents de l’Etat (trois violations) et 5% à des agents de l’ANR (deux violations). » Souligne le BCNUDH.
Quant aux violations liées à la démocratie , une légère diminution a été observée. Une fois de plus, les principaux auteurs présumés de ces actes appartiennent à la PNC avec 44 violations. Les éléments des FARDC sont quant à eux responsables de 29 violations, suivis d’autres agents de l’État qui ont perpétré, 15 violations. 13 cas sont à l’actif de l’ANR et les groupes armés 11 violations.
« Depuis la proclamation de l’état d’urgence et l’instauration des mesures de restrictions sanitaires, le 18 mars 2020, le BCNUDH a relevé 70 cas de violations des droits de l’homme à travers la RDC par
des agents de l’État , faisant au moins 151 victimes. Il a également rapporté 20 autres cas relatifs au droit à la propriété, 18 violations du droit à la liberté et à la sécurité de la personne (avec 64 victimes, dont
12 femmes), 14 violations du droit à l’intégrité physique (avec 79 victimes, dont un cas de violence
sexuelle), quatre violations du droit à la vie (avec six victimes dont quatre d’exécution extra-judiciaire)
et une violation au droit à la santé (avec deux victimes). Parmi les agents de l’Etat, la PNC est responsable de 45 violations faisant au moins 131 victimes contre 16 violations par les FARDC,
cinq et quatre violations respectivement pour l’ANR et les autres agents de l’Etat », lit-on dans le rapport.
La situation démocratique et celle de droit de l’homme sont donc loin d’être améliorées sous la présidence de Félix Antoine Tshilombo, peut- on conclure à la lumière de ce rapport.
Alain St. Bwembia