La coalition au pouvoir a montré ses limites et déficits.
Chaque jour qui passe révèle son lot d’insuffisances d’une union incestueuse au sein des institutions. De l’Assemblée Nationale au Gouvernement en passant par le Sénat, sans oublier la présidence, on observe un épais abcès aux odeurs nauséabondes qui s’appelle la mauvaise gouvernance. L’opacité dans la gestion des finances publiques en est l’une des tares.
On se croirait en plein film, mais la réalité est que des millions de billet vert sont décaissés en toute opacité de telle sorte « qu’à chacun ses chiffres, à chacun son pactole à gérer », comme qui dirait en lingala « eza motambo ekangi nzoku. Esengi moto na moto aya kokata eteni na ye. » (L’éléphant est pris au piège, que chacun vienne se servir.)
En plus des montants astronomiques qui ont fait récemment l’objet d’un procès, on parle de 27, 3 millions de dollars US décaissés par le gouvernement pour la riposte multisectorielle contre le covid-19 en RDC. C’est le montant que nous révélait le conseil des ministres du 19 juin dernier. De ces millions, l’équipe de la riposte multisectorielle conduite par le docteur Jean-Jacques Muyembe n’a vu que la fumée.
Au total, il n’y a que 1,4 millions qui sont arrivés dans l’escarcelle de l’équipe de riposte jusqu’au 19 juin. C’est du moins ce qu’a déclaré le virologue congolais lors de sa sortie médiatique sur une chaîne de radio locale.
Et pourtant, dans le compte-rendu du conseil des ministres, il a été fait mention des dépenses relatives au covid-19, évaluées à 51,9 milliard de francs congolais – soit 27,3 millions de dollars américains – sans pour autant donner plus de détails sur l’affectation des différents montants.
Alors que dans les recommandations sur le défis des finances publiques des pays en voie de développement, la Banque Mondiale disait :
« Les systèmes nationaux de gestion des finances publiques doivent être flexibles et réactifs, tout en garantissant l’utilisation optimale des ressources et en minimisant les risques de fraude et de corruption ».
En RDC, c’est dans une opacité totale que se gère le fonds de la riposte. Comment comprendre que 27,3 millions aient été décaissés des finances publiques et que sur tout le territoire national, les agents commis à la riposte de la covid19 puissent accuser plus de 3 mois d’impayement de leurs modiques primes ?
En effet, le samedi dernier, médecins, infirmiers, laborantins, ambulanciers et décontamineurs sont allés en grève dans la ville de Kinshasa, l’épicentre de la pandémie à Coronavirus en République Démocratique du Congo. Ce mouvement de grève va se radicaliser dans les tout prochains jours et s’étendre jusqu’à l’arrière-pays, particulièrement dans provinces touchées par la covid19, à en croire les syndicats des médecins.
Cependant, le ministère de la santé, concerné au plus haut point par la question, reconnaît avoir géré un peu plus de 3 millions de dollars américains.
Où est alors passé la plus grande partie de ces millions ?
Cette question mérite son pesant d’or et prouve à suffisance le climat malsain entre coalisés FCC et CACH dont l’opacité dans la gestion des finances publiques est devenue la marque déposée.
À ce signe distinctif s’ajoute la crise au sein du gouvernement marquée par la cohésion déficitaire qui aurait dû, en principe, pousser le gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba à la démission voire la dissolution pure et simple de l’Assemblée Nationale, de plus en plus inutile au peuple congolais.
Alain St. Bwembia