La dénonciation a semblé passer presque inaperçue. Et pourtant , elle mérite l’attention de tout le monde.
En effet, longtemps accusées de rouler pour le pouvoir de Kinshasa à cause de leur silence assourdissant, certaines organisations internationales de défense des droits humains commencent à amorcer le virage pour entrer en dissidence avec une certaine union sacrée sans doute liée à la période d’état de grâce accordé au nouvel homme à la tête de l’État. Ainsi, quelques-unes d’entre elles rompent leur silence face aux récurrents cas de violations des droits humains sous le règne de l’actuel chef de l’Etat congolais. Et c’est Human Rigths Watch qui ouvre le bal.
Sur Radio France Internationale (RFI) dans son édition du 22 juillet 2020, le représentant de cette puissante organisation des droits de l’homme n’est pas allé par le dos de la cuillère pour exprimer son inquiétude au regard de la montée des cas de répression répertoriés depuis janvier 2020. La dégradation de la situation s’est accentuée particulièrement durant la période de
l’état d’urgence sanitaire proclamé par le président Félix Antoine Tshisekedi dès mars dernier. C’est un véritable dissolvant des droits humains utilisé comme un prétexte accommodant à un régime autoritaire pour réduire au silence les voix dissordantes.
Et Thomas Fessy – le représentant de Human Rigths Watch en RDC – dénonce une politique répressive qui repart crescendo à l’instar du pouvoir précédent. Pour appuyer concrètement son propos, il parle des dizaines de cas d’intimidation, de passage à tabac, d’arrestation et même de poursuites judiciaires engagées contre tous ceux qui relèvent les dérives du pouvoir, membres des partis politiques ou encore des journalistes.
« Notre recherche montre qu’un certain tournant répressif a été amorcé en janvier de cette année alors même que la première année du mandat du président Félix Tshisekedi en 2019 s’était soldée sur un bilan encourageant. Malheureusement, on observe une restriction croisssante de ces droits sur les 7 premiers mois de l’année 2020. Tous ces cas sont liés à la liberté d’expression et des réunions pacifiques. Cela se passe dans tout le pays », a – t-il dénoncé.
Thomas Fessy précise en outre qu’on a également « observé que depuis le mois de mars que l’état d’urgence a été décrété, les autorités ont utilisé ces mesures , notamment celle interdisant les rassemblements de plus de 20 personnes comme prétexte pour limiter ou réprimer les manifestations pacifiques avec un usage disproportionné de la force de la part des forces de police. Or, la crise au Congo n’est pas simplement sanitaire actuellement, elle est économique, sociale et même politique ». Et donc pour lui, « les congolais devraient avoir le droit de faire entendre pacifiquement leur voix ».
Et d’ajouter que « le risque – il est bien là – celui de retomber dans les vielles pratiques répressives de l’administration précédente »
Et pourtant, le président Félix-Antoine Tshisekedi avait promis d’ouvrir l’espace politique au terme de son élection, mais la réalité du pouvoir semble transiger avec la promesse de campagne.
Plusieurs cas de violations des droits de l’homme sont enregistrés un peu partout à travers le pays. l’UDPS – le parti politique – avait perdu 6 de ses membres lors de sa manifestation publique organisée le jeudi 9 juillet dernier.
Des journalistes ont été interpellés, privés de liberté ou détenus , notamment à Kinshasa, Gemena dans le Sud-Ubangi, Gbadolite dans le Nord-Ubangi et Lisala dans la province de la Mongala. 3 personnes avaient été tuées en pleine capitale lors d’une manifestation publique organisée pour exiger la réouverture du marché central de Kinshasa au mois de mai dernier.
Le Front Commun Pour le Congo (FCC) du président honoraire Joseph Kabila , la principale force institutionnelle du pays , a dernièrement dénoncé , à travers sa marche pacifique organisée le 23 juillet dernier à Kinshasa, un certain retour à la dictature dans le pays.
À ce registre s’ajoutent les menaces proférées contre plusieurs journalistes au téléphone. Certains d’entre eux, reprochés d’être proches de l’ancien régime, notamment Claude Molisho de la RTNC et John Lungila d’EDUC TV, ont été récemment tabassés par des personnes se faisant passer comme partisans du pouvoir. Un autre cas, c’est celui de Jean- Marie Kassamba – le directeur général de Télé 50 et président de l’UNPC Kinshasa – qui a connu les actes de vandalisme de sa résidence privée. Les deux grands parti au pouvoir – le PPRD et l’UDPS – sont fréquemment accusés d’entretenir chacun un groupe des jeunes gens assimilés à des milices jouissant d’une totale impunité.
Rédaction