La mort par asphyxie d’un Afro-américain, Georges Floyd, le 25 mai dernier – œuvre d’un policier blanc à Minneapolis, aux USA – dont le calvaire a déclenché un mouvement de protestation inédit depuis des décennies aux États-unis et à travers le monde est encore fraîche à l’esprit.
Les images ont fait le tour du monde et la scène a horrifié la planète entière, à l’exception de ceux pour qui le meurtre d’un Noir passe pour un fait mineur, un non-événement.
Ce drame a été suivi d’une longue série de bavures policières dont la plus récente est celle de Jacob Blake. L’infortuné n’a certes pas succombé à la rafale de sept balles recues, mais les rapports médicaux lui prédisent la perte de la marche tant la colonne vertébrale a été sérieusement endommagée.
En RDC, ce genre de drames sont fréquents, mais parfois très insuffisamment couverts par les médias. Les plus emblématiques sont par exemple ceux de Rossy Mukendi , de Thérèse Kapangala ou de Armand Tungulu, à Kinshasa. Aucune enquête sérieuse n’a été menée et les auteurs de ces meurtres mènent paisiblement leur vie.
À l’intérieur du pays, c’est pire, car certains éléments de la police nationale congolaise n’ont rien à envier aux grands délinquants par leurs comportements violents et racketteurs.
À titre illustratif, on peut épingler deux faits qui ont eu lieu à Lodja, dans la province du Sankuru.
En effet, pour n’avoir pas porté son masque, un étudiant de l’université de Lodja a failli dernièrement perdre sa vie. Il a eu plus de chance et s’est retrouvé avec une balle au pied, tiré par un policier.
Un autre calvaire est celui d’un jeune homme tombé entre les mains des éléments du Groupe mobile d’intervention opérant dans la cité de Lodja.
En effet, le supplicié n’est autre que Ekeke, celui sans lequel un attentat aurait été perpétré contre le gouverneur Mukumadi à son arrivée à Lodja. Il a saisi l’arme qui devait servir à la matérialisation de l’acte criminel. C’est la faute qui lui a valu le traitement inhumain et dégradant vu en images. C’est un héros qui a été traité comme un criminel!
La vidéo qui circule sur les réseaux sociaux rappelle le supplice de Georges Floyd. Projeté avec une violence inouïe au sol, l’homme est brutalement torturé par un déluge de la chicotte alors qu’un autre policier immobilisait sa tête au sol en l’asphyxiant de tout son poids au cou à l’aide de ses deux pieds.
L’anesthésiste émotionnelle qui caractérise l’inhumanité habituelle de ces policiers était tellement énorme que les cris plaintifs de la victime ne pouvaient susciter la moindre pitié.
Se trouvant sur place à Lodja – après sa dernière visite effectuée à Kole – le gouverneur Mukumadi, très indigné de cette situation, a convoqué illico une réunion des services de sécurité. Informé, l’auditorat militaire de Lodja a immédiatement mis en mouvement l’action publique contre ce groupe de policiers composé de commandant Frank, Ndjeka, Kitona et consorts. Cette bande est protégée par le colonel Kuma Ayobo, proche d’un parti politique local dont les actions font régulièrement couler du sang au Sankuru. Le fameux commandant Frank – cité dans la vidéo – a été antérieurement arrêté à l’auditorat pour des faits similaires et le colonel Kuma l’a libéré sans autre forme de procès.
Aux dernières nouvelles, des sources locales contactées par politiquerdc.net à Lodja, rapportent que ces policiers « inciviques » qui font régner la terreur à Lodja sont aux arrêts.Ils devraient ainsi être jugés en procédure de flagrance, sauf imprévu à partir de ce lundi 31 août 2020. En attendant, sur intervention du gouverneur, le jeune homme bastonné a été libéré et conduit à l’hôpital pour des examens et soins. Espérons qu’il ne gardera pas les séquelles de ces tortures.
D’aucuns estiment que le problème de la formation des forces de l’ordre mérite un examen sérieux par les gouvernants. Formés à la répression des civils pendant la colonisation, certains policiers congolais continuent à percevoir la population comme un serpent à neutraliser !
Dossier à suivre.
Rédaction