Reconnu mondialement pour son action réparatrice des appareils génitaux de femmes victimes de viols et de violences à l’Est de la RDC, Dr Mukwege est en proie à de menaces répétées. Malgré tout, l’homme est loin de baisser les bras. Il profite de son aura pour requérir un tribunal pour les crimes commis au Congo.
C’est ainsi qu’une résolution en soutien à ses propositions sera soumise très prochainement à la plénière du parlement européen.
Le Dr Denis Mukwege – prix Nobel de la paix en 2018 et prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de l’esprit en 2014 pour avoir consacré sa vie à soigner les victimes de violences sexuelles en RDC – vient d’obtenir le soutien du parlement européen pour la création d’un tribunal spécial pour la RDC,mais aussi de sa protection personnelle ainsi que celle de toute sa fondation à Panzi.
La résolution 2020/2783 qui sera bientôt soumise au débat en plénière du parlement européen apporte un important soutien au plaidoyer du prix Nobel de la paix congolais.
Se félicitant de l’engagement ferme du Dr Mukwege en faveur des travaux entrepris dans le rapport 2010 des Nations unies sur le projet mapping, le parlement européen – dans cette résolution – « soutient dès lors les propositions visant à créer des chambres mixtes spécialisées dans les tribunaux de la RDC afin de permettre au pouvoir judiciaire de la RDC et à la communauté internationale de coopérer et de poursuivre en justice les auteurs d’atteintes aux droits de l’homme ».
Quant au gouvernement congolais, il lui sera demandé de « réexaminer les travaux de sa précédente commission pour la vérité et la réconciliation » et soutienir pleinement la demande lui adressée par le président Tshisekedi en vue de la mise en place d’un mécanisme de justice transitionnelle qui jugerait les crimes les plus graves. Il restera de voir dès lors les deux projets de décrets – à l’examen depuis plusieurs mois – être adoptés en temps utile par le Conseil des ministres.
Déjà, le parlement européen invite – à travers cette résolution – les États membres du Conseil de sécurité des Nations unies à requérir la création d’un tribunal pénal international qui ferait progresser les cas avérés de violations des droits de l’homme antérieurs à 2002.
Par ailleurs, l’Union Européenne condamnera, une fois cette résolution débattue et votée en plénière, le recours à la violence sexuelle à l’égard des femmes dans les conflits et demandera à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour éliminer le fléau des violences sexuelles et sexistes dans les conflits armés et les guerres, de protéger les victimes, de mettre un terme à l’impunité des auteurs des violences et de garantir aux survivants l’accès à la justice, à des réparations et à des voies de recours.
Rappelons que les violences dans la partie orientale de la RDC sont perpétrées par des groupes armés étrangers et locaux, financés par le commerce de minerais. Ceux-ci se livrent à des atrocités pour l’accès à ces minerais.
Une coopération transfrontalière dans la région des Grands Lacs africains est donc nécessaire pour la mise en place d’une stratégie régionale par les pays voisins afin lutter contre les violences et les violations des droits de l’homme en République Démocratique du Congo.
Alain St. Bwembia