Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux met en cause un certain nombre de personnalités de l’ancien régime d’avoir détourné les deniers publics en recourant à des cartes bancaires Visa créditées mensuellement de 50.000$ que les intéressés dépensaient à leur guise, lors de leurs voyages ou déplacements à l’étranger.
Des cartes qui leur permettaient, semble-t-il, d’utiliser l’argent du Trésor public sans passer par la Banque Centrale du Congo.
A en croire l’auteur de cette vidéo, citant des sources de l’IGF, parmi les personnalités mises en cause, on évoque les noms de Aubin Minaku, Ancien President de l’Assemblée nationale, Guillaume Manjolo, ancien ministre de la coopération, Sele Yalaghuli, ministre honoraire des Finances ainsi que Kikaya Bin Karubi, Conseiller diplomatique de l’ex-Président Joseph Kabila.
Et bien, contrairement à ces allégations, un expert et ancien membre du cabinet du ministre des finances, qui s’est confié à politiquerdc.net, a donné des précisions sur « une pratique tout à fait légale » dont recourent tous les Etats du monde pour faciliter le déplacement et le séjour de certains hauts fonctionnaires de la République en mission officielle à l’étranger.
« Les us et coutumes de par le monde entier assignent aux ministres des affaires étrangères et à celui des finances de piloter les relations extérieures dans le sens des intérêts du pays.
Le premier sur le plan politique, et le second du point de vue des finances et économique.
Et la Banque Centrale met à leur disposition des cartes bancaires qui leur permettent d’être plus agiles pour, notamment payer des billets, hôtels, dîners avec les partenaires. Ainsi, ces deux membres (affaires étrangères et Finances) sont appelés à effectuer des déplacements réguliers et fréquents.
Aussi, pour parer au plus pressé, des cartes prépayées avec des montants précis (oscillant entre 20 et 40.000 USD mensuels) leur sont données. Des cartes prépayées par la BCC, mais pas liées au compte général du trésor, comme arguent à tort ces mauvaises langues.
Sont bénéficiaires de ces cartes, en ordre d’importance:
- Le Ministre des Affaires étrangères;
- Le Ministre de la Coopération;
- Le Ministre des finances;
- Le Gouverneur de la BCC. Mais ces cartes sont utilisées seulement à l’étranger, pas au pays », précise t-on à votre média en ligne.
Et de renchérir, que ces cartes étaient acquises par la BCC qui laissait des provisions auprès de la Rawbank.
Ces pratiques sont d’actualité dans tous les pays du monde, et même auprès de certains organismes comme la Banque mondiale et le FMI.
Chaque mois, l’utilisation de ces cartes doit faire l’objet de justification avant qu’elles soient renflouées éventuellement ».
Et ce n’est pas la première fois que la RDC recourt à ce genre de mécanisme.
« En RDC, c’est une tradition qui remonte à l’indépendance du pays.
Tous les ministres des affaires étrangères, des finances et les Gouverneurs de la Banque centrale ont toujours bénéficié de ces cartes. Plus récemment, les deux plus grands utilisateurs étaient Madame la Ministre d’État aux Affaires étrangères ainsi que le Ministre d’État à la Coopération. Pour la simple raison qu’ils ont beaucoup voyagé.
Tout récemment, Matenda, Matata, Kitebi, Yav et les ministres des affaires étrangères ainsi que tous les gouverneurs de la banque centrale en ont bénéficié », note -t-on dans une mise au point parvenue à politiquerdc.net.
Le document note par ailleurs que, quant au ministre des Finances, il a eu recours à cette carte à deux reprises : lors de la mission au cours de laquelle il a accompagné le Chef de l’Etat à la Banque Mondiale et au Fonds Monetaire Internationale à Washington DC, et lors de la mission des assemblées annuelles de ces deux institutions de Bretton Woods tenues en novembre 2019, toujours à Washington DC ».
Pour cet ancien conseiller au Ministère des Finances, « la prise de position de l’animateur, à la base de cette vidéo virale, tient seulement à deux choses:
Primo, l’ignorance dommageable et paresse intellectuelle car, s’il avait vérifié tout ce qui entoure ces cartes, il n’allait pas en faire un buzz;
Secundo, la mauvaise foi habituelle et la manipulation par des commanditaires habituels et
Tertio, les Imputations dommageables, bien téléguidées. Car s’il avait le vrai souci dans ce dossier, il devait commencer à s’attaquer d’abord aux affaires étrangères et à la coopération qui sont les plus grands utilisateurs desdites cartes.
Toutes ces informations sont vérifiables à la Banque Centrale et chez Rawbank », a-t-il martelé tout en révélant que sa propre
carte était même restée avec un solde que la Rawbank a reversé à la BCC, surtout qu’il ne l’a utilisée qu’à deux reprises.
Jean Romance Mokolo